dimanche 7 mars 2010

La mémoire du geste

À la recherche d'un moyen de transposer une ligne fluide et fine dans le tissage de ma nouvelle tapisserie, j'ai exploré diverses techniques, entre autres, celles du driadi et du driadi inversé, mais ce n'était toujours pas l'effet recherché.

Voilà que je renoue avec une technique que j'utilisais dans les années 80 pour la série de tapisseries qui avait pour thème l'arbre. Celle-ci consiste à intégrer au tissage de la tapisserie le tissage aux doigts. Cette technique traditionnelle est utilisée au Québec pour le tissage des ceintures fléchées.
En utilisant un nombre de fils réduit, j'obtiens une ligne qui n'a pas de relief comme dans mes anciennes pièces, mais une ligne fluide et continue qui coure à la surface de la tapisserie. J'ai retrouvé sans peine le geste. Je souris de me voir à nouveau tisser aux doigts et joindre les fils au tissage de la tapisserie comme si je n'avais jamais cessé de le faire.
Un bond dans le temps pour aller plus loin et ailleurs!!!

mardi 2 mars 2010

Retour aux sources

Au Québec, la pratique de la tapisserie haute lisse est relativement récente, elle ne fait pas partie de nos traditions. Mes connaissances de la tapisserie ont trait principalement aux pratiques occidentales. Mes bases techniques ont pour assises l'approche et la facture des Gobelins de Paris qui est essentiellement masculine.

Au fil de mes lectures sur le travail des femmes berbères, je découvre une symbolique, des rituels et une sensibilité se rattachant au tissage sur métier vertical qui sont bien plus anciens et qui appartiennent aux femmes. Cette découverte fait écho aux rapports sensible et intuitif que j'ai toujours eu envers cette forme d'expression, mon attachement aux gestes et mon rapport à la fibre. Des liens se font, malgré les contextes sociaux et culturels complètement différents, entre ma partique et le sens que j'accorde au travail lent de la lisse et l'oeuvre des femmes berbères.

Ce qui m'interpelle encore plus profondément c'est la découverte qu’intuitivement j'ai questionné et abordé de nombreuses symboliques anciennes sans en connaitre l'origine.

Je me conforte à savoir que le sens, le temps et les gestes inhérents au travail de la lisse fait par les femmes transcendent le temps et les cultures.